Coralie Escrich - Doula Accompagnement autour de la naissance et de la féminité

maternité

Naissance de Maël

Le 11/08/2022

Vendredi soir. Comme à notre habitude, nous regardons un film avant de nous coucher. Ce soir ce sera « une folle envie ». L’histoire d’un couple qui souhaite avoir un enfant mais qui rencontre des difficultés avant d’y parvenir. En fin de grossesse la future maman suggère à son conjoint de provoquer les choses « à l’italienne ». Et ça marche. Et bien sur, comme dans tous les films, la scène de l’accouchement dure 3 minutes: allongée sur le dos, les pieds dans les étriers, avec une belle épisio, et en broyant la main de son mec et en criant. On en rit et on discute de mon accouchement prévu dans 15 jours. On blague sur la formule « à l’italienne ». On décide de faire un gros câlin avant de dormir pour tester son efficacité. Comme à chaque fois, j’ai des contractions non douloureuses mais puissantes. Sur ce, on s’endort. 

Une contraction plus forte que les autres me réveille. J’en profite pour aller aux WC et je regarde l’heure: 3 heures du matin. Je me recouche. Quelques temps après, une autre toujours aussi puissante. Ha ha !? Serais-ce le travail qui commence? J’attends encore pour voir mais je dois respirer profondément à chaque nouvelle contraction. H. se réveille aussi en m’entendant respirer. Il me demande si ça va et je le rassure. Il se rendort d’un œil. J’arrive à me rendormir un peu mais je suis à nouveau réveillée par une contraction. Je décide d’aller sous la douche. Humm, c’est bon ! Je règle le jet d’eau bien fort et chaud juste sur le bas de mon dos. Je tente de prendre un bain mais c’est trop inconfortable de rester immobile dans l’eau. Je remets mon jet d’eau chaude en action. Y a pas à dire, c’est merveilleux. Et puis le bruit de l’eau qui coule m’apaise. J’adore !

A chaque contraction (je n’ai pas l’impression qu’il y en ait beaucoup) j’expire en faisant des "Haaaaaaa" graves, mais pas trop fort parce que c’est la nuit et que je ne veux pas que les voisins m’entendent (déjà que je prends une douche depuis plusieurs heures!). H. doit m’entendre vocaliser parce qu’au bout d’un moment il vient me voir. Il me demande si tout va bien et je lui réponds que oui, j’ai des contractions et que bébé sera peut être là ce soir. Je souris à cette idée. J’en profite pour lui demander de m’apporter le ballon de gym prêté par S. ma Doula. Il le dépose dans la baignoire. Jusque là j’étais debout, bras tendus, face au mur, et je faisais des mouvements en 8 avec le bassin. Maintenant je peux continuer à me balancer à genoux, tête et bras croisés sur le ballon. Il faut juste régler à nouveau le jet sur le bas de mon dos. Humm ! Je poursuis mes mouvements de bassin de gauche à droite. Le temps n’existe plus. Je suis dans ma bulle. Je ferme les yeux. Entre deux contractions, j’ouvre les yeux et j’aperçois le ruban rose noué à mon poignet. Je repense à la journée de mon Blessingway, aux femmes présentes ce jour-là, femmes bienveillantes et douces. Elles sont avec moi, je sens leur force m’envelopper. Je me sens bien, forte, confiante, Femme. 

J’enjambe de temps en temps la baignoire pour m’assoir sur les WC. Le travail semble avoir des effets laxatifs. Et puis j’ai comme une petite faim. Je vais jusqu’à la cuisine. Je croque dans un biscuit et bois une gorgée d’eau mais j’ai un haut le cœur. Ok, j’oublie l’idée de manger ou boire pendant le travail, je déteste vomir ! Je tente de retourner me coucher auprès d’H. Mais à la première contraction, je dois me retenir pour ne pas crier. H. se réveille et me masse le bas du dos. Je vocalise super fort pour le coup. Il me plaint et je crois que je lui fais peur. J’attends la suivante pour voir. Pareil. Trop inconfortable pour moi de rester allongée sur le côté. Je décide de retourner sous mon jet d’eau chaude bienfaiteur. Le temps passe. Je suis dans ma bulle, je suis bien, malgré les contractions qui me semblent très espacées et tout à fait supportables, je pense à mon bébé. Peut être qu’il sera là ce soir…

Je dois sortir de la baignoire de plus en plus souvent pour aller aux WC. Je décide d’y faire un setting pour économiser mon énergie. Et puis j’ai sommeil moi ! Je somnole. Je me suis assise à l’envers pour pouvoir poser ma tête et mes bras sur la chasse d’eau. Ce n’est pas super confortable mais c’est mieux que rien. J’ai dû rester longtemps comme ça parce que quand je me « réveille », l’horloge de la cuisine derrière moi affiche 10h. Ouah, déjà !? Je décide de retourner sous la douche chaude. Mais à peine sous l’eau je dois retourner sur les WC. Encore ? Mais ça fait 12 heures que j’ai rien avalé! Pourtant je « pousse ».

Je ressens une envie puissante de pousser. A ce moment précis, H. se lève (sixième sens?) et surgit dans la salle de bain. J’ai juste le temps de saisir la porte d’une main et le bras d’H. de l’autre. Je n’ai pas encore compris ce qui se passe. Je crois que je lâche même un « dégage » à son attention, car il essaie de me masser le bas du dos et je n’ai pas envie qu’on me touche. En réalité je pense « non, ne me touche pas » mais c’est « dégage » plus rapide et clair qui me vient ^^. Je pousse mais je ne pense pas à mon bébé. Je me dis que si ça continue, mes hémorroïdes vont éclater sous la pression. Et puis j’ai un flash, j’ai compris. Je lâche H. pour toucher ce qui se passe là en bas. Je pose ma main entre mes jambes et je sens la tête de mon bébé ouvrir le passage tout doucement. Je n’ose pas y croire! Déjà ? Mais ce n’est pas possible !!! La sensation de poussée recommence, alors je laisse faire, je m’ouvre et me détends. Je n’ai pas peur, je suis confiante. Je suis une femme et je SAIS accoucher, comme toutes ces femmes avant moi et toutes celles qui viendront.

J’ordonne à H. de téléphoner à la sage femme. Il me regarde un peu étonné, il ne comprend pas, aussi surpris que moi sans doute. Je sens la tête du bébé glisser doucement hors de moi, ses yeux, son nez, sa bouche, son menton. Incroyable. Je caresse sa petite tête, elle est « gluante ». Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’idée de vérifier si son cordon n’est pas autour de son cou. Ce n’est pas le cas. Il y a une odeur douce-amer de sang dans l’air. Puis je renouvelle ma demande de prévenir la sage femme en paniquant un peu puisque H. ne réagit pas.  Je me lève. Je pense aussi « houlala, je vais mettre du sang partout sur le tapis de bain » (N’importe quoi, comme si c’était le souci du moment). A peine levée, je fais un pas et le reste de bébé glisse d’un coup. Heureusement j’avais laissé ma main sur sa nuque et je fini de l’attraper. H. assiste à la scène tout aussi stupéfait que moi par la rapidité de cette naissance. Puis il va (enfin) téléphoner à la sage femme.

Tout semble irréel. Je m'assoie sur les WC. Bébé a déjà les yeux ouvert, il a dû boire un peu la tasse parce qu’il crachouille avant de crier. Il ne crie pas longtemps d’ailleurs. Je suis dans la pénombre car seule la lumière du jour filtre à travers les rideaux épais du salon. Mais je peux distinguer les yeux de mon bébé grands ouverts qui me fixe intensément. Instant magique. Je le sers tout contre moi. Il est un peu gluant et glissant et j’ai peur qu’il ne m’échappe. Je dis à H. : « ça y est, on est parents. » avec des sanglots dans la voix car je suis émue et un peu sous le choc. H. ne m’entend pas parce qu’il est au téléphone avec T., la sage femme. Elle semble paniquer et veut me parler. Alors il me pose le téléphone sur l’épaule que je le cale avec l’oreille pour lui parler. Oui le bébé est là, oui il va bien et moi aussi. Tout a été très rapide. Non le placenta est toujours à l’intérieur (en même temps je viens juste d’accoucher!)  Elle me dit qu’elle sera là dans 20 minutes et veut que je téléphone au 911 (SAMU) parce qu’elle a peur que je fasse une hémorragie. (Tout ça en anglais bien sur, Ontario oblige). Mais je ne veux pas, je sais que tout va bien et aussi que si je téléphone, le 911 va m’embarquer pour l’hôpital. Pas question. En plus j’en ai marre de parler dans ce téléphone. Je veux qu’on me laisse profiter de la rencontre avec mon bébé. Je conclue sèchement la discussion en disant que 20 minutes ce n’est pas long et qu’on l’attend. H. récupère le portable et téléphone à S. ma Doula. Elle ne veut pas croire que le bébé est né. Il faut que je lui parle et qu’elle l’entende pleurer pour finir par nous croire et venir. Le plus drôle c’est que justement elle devait venir manger chez nous ce midi. Finalement elle va se retrouver à préparer le repas pour nous. ^^

J’ai un peu froid et je tremble comme une feuille. En état de choc je suppose. Je demande à H. de protéger le lit (il y étend un rideau de douche) et de sortir une grosse couverture pour me couvrir. Je vais m’allonger avec bébé, toujours relié à moi par le cordon. Je suis en amour complet avec mon bébé. Je suis submergée par les émotions. Je pleure et je ris toute tremblante. 

S. ma Doula arrive la première. Incroyable. Elle reste interdite. H. et moi lui expliquons rapidement ce qui s’est passé. Je me surprends même à m’excuser d’avoir accoucher trop vite et qu’elle n’ait pas pu assister à la naissance. Elle contemple le bébé qui est au chaud, tout contre moi, sous la couverture. Il a un peu de sang sur la tête mais ne pleure pas. Il crachouille un peu. Il est parfait. T. la sage femme arrive peu de temps après. Elle a un sac énorme comme celui des pompiers en intervention. Elle a l’air un peu affolée mais dès qu’elle me voit, allongée sous la couverture avec bébé en peau à peau, le sourire aux lèvres, elle se rassure. On a l’air d’aller bien. Elle écoute le cœur de bébé et prend ma tension. Tout va bien. Elle sourit. Ouf !

Comme convenu dans mon projet de naissance, elle a vérifié que le cordon ait fini de battre avant de proposer à H. de le couper. Il accepte. Apparemment c’est difficile, mais il y arrive. Maintenant elle s’inquiète pour le placenta qui n’est pas encore sortit. Elle me propose de m’injecter une dose d’ocytocine pour aider à la sortie du placenta. Bon, je ne voulais pas d’interventions « inutiles », mais je suis lasse, je ne veux pas qu’on me dérange dans la contemplation de mon bébé, alors je dis oui. Elle me prévient qu’elle va appuyer sur mon ventre pour aider un peu. Et ben OK, vas-y. Mais, ça fait un mal de chien !!! Je râle, je veux qu’on me laisse tranquille maintenant. Après une poussée le placenta sort. C’était donc pas la peine de m’injecter ce truc… Apparemment j’ai un hématome sur la paroi du vagin, mais ça ne me fait pas mal. Elle me propose de l’aspirer avec une seringue au lieu d’aller le faire à l’hôpital. Evidemment j’accepte, je ne veux pas aller à l’hôpital. Finalement, il semble déjà vidé de son sang. Elle vérifie qu’il n’y ait pas de déchirures mais non, RAS. Tout va bien. On nous laisse tout les 3. Instants magiques de la rencontre avec notre bébé. Le temps est suspendu, arrêté. Il est parfait bien sur puisque c’est notre bébé ! J’ai quand même compté ses doigts et ses orteils pour être sûre…

Après un (long ?) moment, T. revient pour peser et mesurer bébé. Les paris sont ouverts. Combien il pèse? D’après moi 3 kgs. La sage femme trouvera le poids exact (bon, c’est son métier), soit 3kg 250. Il mesure 52 cm. Tous ses réflexes sont bons et il semble bien formé. Il a une belle tête bien ronde et aussi pleins de cheveux noirs (comme je voulais), de grands yeux ouverts et un petit nez de bébé, une bouche en cœur et de belles oreilles bien collées. Bref, il est parfait. J’explique à la sage femme que selon ses directives je ne devais pas lui téléphoner avant d’avoir des contractions régulières toutes les 5 minutes, qui durent 1 minute et ce pendant 1 heure. Mais ça n’a jamais été le cas. Elle me confit que c’est la première fois de sa carrière qu’elle voit une primipare qui accouche seule à domicile. La classe ! S. veut même contacter les journalistes pour faire publier un article dans le journal.

T.  me propose de prendre une douche. J’accepte volontiers. J’ai du sang séché sur les mains, le torse et les jambes. Je confie bébé à son papa qui va le garder en peau à peau tout contre lui. Ils font connaissance. T. veut aussi que j’urine. Mais la position assise sur les toilettes ne m’inspire pas. Ce sera donc sous la douche. Hum, ça fait du bien cette petite douche. S. vient voir si je vais bien à la demande de T. .Elle a peur que je fasse un malaise ou que la tête me tourne. Mais non, tout va bien. Je me sens en pleine forme. Après la douche, je retourne me coucher sous la couverture où je retrouve mon bébé. Puis S. me propose de manger. Bonne idée. Je meurs de faim. Depuis la veille au soir je n’ai rien avalé. Je me relève, m'habille et vais manger à table avec S. .T. doit partir mais elle reviendra demain matin. Pendant qu’on mange, S. me pose mille questions sur le travail et l’accouchement. Elle n’en revient toujours pas. On rit et ça me fait du bien de raconter et revivre ces moments.

J’ai vécu une expérience merveilleuse dans la simplicité et l’intimité de notre foyer. J’ai une chance incroyable. Je sais que chaque naissance est différente, mais j’espère pouvoir offrir à tous mes enfants cette même douceur, ce calme et cette sérénité pour leur venue au monde. Merci H. d’avoir permis cela. Merci Maël d’avoir fait de moi une maman.

Coralie

Le grand secret - René Barjavel

Le 22/04/2019

"Dans la lumière bleue de la nuit, Annoa, étendue sur l'herbe du jardin, gémissait et criait. Les pâquerettes avaient fermé leurs yeux blancs, et l'herbe était sombre, et Annoa était une boule sombre qui remuait et gémissait et parfois poussait un cri déchiré. Et Han, debout auprès d'elle, son visage et ses cheveux d'or, éclairés par le projecteur de la caméra d'alerte, appelait au secours, appelait tout le monde à l'aide, appelait il ne savait quoi: Annoa criait, Annoa souffrait, c'était peut être cela, mourrir... (...) 

De tous les points du jardin et de l'Ile, les garçons et les filles accouraient vers le cri, et les adultes suivaient. Jeanne arriva la première et cria à son tour, pour réclamer la lumière du jour. (...) Jeanne s'agenouilla près d'Annoa, essuya son visage couvert  de sueur avec de l'herbe fraîche, lui prit la main, et lui dit d'une voix rassurante:

- Calme-toi, mon petit, calme-toi... Allonge-toi... Détends-toi... Là... Bien... Respire comme tu as appris...

Annoa cessa de gémir et regarda Jeanne avec une énorme interrogation dans les yeux.

- Oui, dit Jeanne souriante, oui... C'est ton enfant qui vient...

- Oooh!... firent les enfants.

Et les adultes qui étaient venus jusque là s'en allèrent, discrets. Le docteur Lins lui-même, sur un signe de Jeanne, se retira.

- C'est notre enfant qui vient! dit Han. 

Il y avait pensé tous les jours, et maintenant que le moment était là, cela lui paraissait si extraordinaire  qu'il ne pouvait le croire. Il s'agenouilla de l'autre côté d'Annoa et lui prit l'autre main.

- Annoa! Annoa! C'est notre enfant qui vient!

Sa voix n'affirmait pas, elle demandait si c'était vrai, si c'était vraiment vrai. Et Annoa lui sourit avec amour et lui fit oui de la tête. Elle, maintenant, elle savait, et elle était prête. Et la phrase se mit à courir et à bondir parmi les filles et les garçons.

- C'est notre enfant qui vient! ... C'est notre enfant qui vient!...

Ils se donnèrent des bourrades et des coups de poings de joie, puis ils se calmèrent, et comme Han et comme Jeanne ils s'agenouillèrent. Une nouvelle contraction crispa le visage d'Annoa. Jeanne dit très vite:

- Respire!... Respire!

Annoa commença à haleter comme Jeanne lui avait appris et tous les enfants se mirent à haleter avec elle. Et peu à peu la contraction cessa d'être une souffrance pour n'être plus qu'un mouvement irrésistible de la chair qui poussait vers la lumière une chair nouvelle.

Et quand cela recommença, Annoa se mit aussitôt à haleter et n'eut plus mal. Tous les garçons et les filles s'étaient couchés et haletaient avec elle. C'était leur enfant qui arrivait.

Cela dura la moitié de la nuit. Les oiseaux, croyant que le jour était levé, chantaient. Les enfants s'endormaient et se réveillaient quand il fallait pour respirer en même temps qu'Annoa, et Den les accompagnait avec sa guitare-cigogne. A trois heures du matin, Jeanne dit:

- Cette fois ça y est, mon poussin, il est là...

Dans la porte qui s'ouvrait entre les cuisses brunes apparut une tache d'or, le sommet de la tête de celui qui arrivait.

- Il est blond comme son père, dit Jeanne. Pousse mon petit, pousse un bon coup!...

Annoa gémissait de bonheur et d'effort. Une joie énorme coulait vers le bas de son corps et l'ouvrait pour en sortir et devenir plus grande encore. Elle serra la main de Han, y enfonça ses ongles en gémissant.

- Oh! Han... Que c'est beau!... que c'est beau!...

Les garçons et les filles s'étaient groupés devant Annoa pour voir arriver leur enfant. La tête blonde sortit. Un grand garçon s'évanouit et glissa dans l'herbe. Han tremblait. Le coq bleu à la crête flamboyante vola sur l'épaule de Den et d'un grand cri appela le soleil. L'enfant glissa hors d'Annoa. Jeanne le reçut dans ses mains ouvertes et le souleva pour que sa mère fût la première à voir son visage et son sexe. Annoa dit d'une voix épuisée:

- C'est une fille!...

Des larmes de bonheur coulaient de ses yeux. Jeanne souleva la fille par les pieds et lui tapa sur le derrière pour lui faire ouvrir les poumons. Elle poussa un cri de petit chat. Jeanne posa l'enfant sur le ventre qui l'avait fait."

Alena Kalchanka

Le 11/02/2018

D'origine biélorusse, Alena vit en Sicile. Maman de jumelles, elle peint la maternité, l'allaitement ou tout ce qui touche à la parentalité. Elle réalise aussi des pendentifs et des chandails.

Visiter son site 

Naissance de Léa

Le 13/03/2017

Histoire d’une naissance

9 mois de grossesse tranquilles après avoir longtemps attendu son arrivée dans nos vies…

Maman était venue passer le dernier mois à la maison avec nous parce que F. travaillait loin et que cela le rassurait.

Ce dimanche là, nous sommes allés manger au restaurant puis faire un petit tour dans les rues d’Albi. Au moment de rentrer, j’ai dit que j’avais envie de roder, de voir les lumières de la ville. Et nous voilà partis en voiture, faisant le tour des monuments de la ville pour les voir illuminés. Retour tardif à la maison et nuit tranquille.

Vers 5h du matin, je suis réveillée par la sensation d’un liquide qui coule : poche des eaux percée. Direction le service maternité de l’hôpital d’Albi comme nous l’avaient conseillé les sages femmes. Arrivée dans le silence de l’hôpital endormi, reçus par une sage femme et monitoring. Pas de contractions. Elles commencent à se manifester une heure plus tard.

Pour se préparer à la naissance de notre enfant, nous avions fait le choix de l’haptonomie. Dans cet accompagnement, nous avions appris des techniques pour supporter, accepter la douleur des contractions. A l’arrivée des premières, une envie de déambuler me prend. Nous voilà partis dans les couloirs de l’hôpital, traversant tous les services et tous les étages. A chaque contraction, je pose les mains sur un mur et F. bascule mon bassin pour accompagner la vague de la contraction : soulagement immédiat. Nous avons marché des heures, toute la journée du lundi dans cet hôpital.

A intervalle régulier, la sage femme me fait un monitoring. Chaque fois que je me retrouve en position allongée, les contactions ralentissent. Et à chaque fois, l’envie de marcher me reprend. De 8h du matin à 17h le soir, nous avons marché. Parce que je n’ai que ça en tête. Et puis vers 17h, une contraction me submerge, la douleur puissante me dépasse et je crois m’évanouir.

Trop fatiguée, je cède à l’envie de ne plus ressentir de douleurs et je demande la péridurale alors que je n’en voulais pas, alors que j’avais imaginé une naissance sans. La péridurale est difficile à mettre en place. Une fois installée, je m’endors jusqu’à 21h. Là, les contractions sont plus fortes, mon col est presque complètement dilaté. Pour aider, le sage femme pratique un décollement des membranes. Il me prévient que je vais devoir bientôt commencer à pousser.

Commence alors un marathon de poussées ; coachée par F. qui m’encourage, j’essaye de toutes mes forces d’emmener mon bébé vers la sortie. Malgré tous mes efforts et au bout de 45 mn de poussées infructueuses, mon bébé est toujours au chaud, on aperçoit seulement le haut de sa tête. Le sage femme décide alors de faire appel au gynécologue. Lorsqu’il arrive, il m’indique que bébé a la tête renversée et qu’il faut l’aider à sortir avec des spatules. Epuisée, inquiète pour ma petite fille, je laisse faire et dans un dernier effort, Léa est sortie ; je l’ai sentie glisser hors de mon corps.

Le sage femme me l’a tout de suite posé sur le ventre et je constate avec joie qu’elle va bien. Elle est là contre moi, cherchant déjà mes seins pour s’y blottir. Quel bonheur ! Quelle joie ! Nous sommes restées ainsi blotties l’une contre l’autre et je découvre avec émerveillement ce petit bout de nous qui a grandi en moi pendant tous ces mois.

Mais le corps médical reprend ses droits. Léa part dans les bras de son papa avec la sage femme.

Mon gynécologue me rappelle à la réalité. Episiotomie, recoudre sont les seuls mots que je retiens de sa phrase. Il commence son œuvre et là la douleur est terrible. La péridurale ne fait visiblement plus effet. L’anesthésiste, sommé de se déplacer, ne trouve rien à redire. Pour lui tout va bien et il repart. Mon gynécologue finit par anesthésier localement les chairs pour que je ne souffre pas.  Durant cette intervention, F. est revenu avec Léa dans les bras. Au vu de ce qui se passe, il ressort dans le couloir avec notre bébé pour qu’elle ne m’entende pas crier.

Puis je l’ai enfin retrouvé ! Collées l’une à l’autre, en peau à peau, posées hors du temps, F. à nos côtés, il n’y a plus que nous.

La naissance de mon premier enfant ne s’est certes pas déroulée comme je l’avais imaginé, mais une fois qu’elle a été là, posée sur ma peau, blottie contre moi, j’ai tout oublié. Ne comptait que le bonheur de l’avoir avec nous.

Sandrine – le 14/10/2004

Iusa 75x75 37969014 l9gz

Amanda Greavette

Le 15/02/2017

Amanda Greavette est une peintre à l'huile qui crée des pièces et des paysages figuratifs de grandeur nature.
Elle aime la forme humaine et est attirée par les histoires de la vie, en particulier celles qui impliquent la transformation, les relations, la lutte et l'amour.
Une des philosophies directrices de sa pratique artistique est de «peindre ce que vous savez», faire de l'art qui reflète sa propre expérience, la passion et l'intérêt.
Alors que son travail figuratif est représentatif, il est aussi expressif et symbolique et se réfère au paysage intérieur.
Peindre le sacré et transcendant dans les moments communs, d'une manière dynamique et émotive rend le travail mémorable et impactant.
Amanda Greavette vit et travaille en Ontario, au Canada.
Elle a étudié à l'Ontario College of Art et Design (2004) et a exposé dans de nombreuses expositions solo et en groupe.
Amanda est une dirigeante de la Leche Ligue et membre fondatrice de l'un des rares groupes de défense des intérêts des sages-femmes en Ontario.
Son travail est basé sur des années d'expérience personnelle vécue avec les sujets qu'elle représente, et l'expérience partagée de pairs.
Amanda a 5 enfants.

visiter son site​ 

Naissance de Nathan

Le 17/01/2017

30 juin: voilà quelques jours que je fais du faux travail le soir durant 2-3h. A 16h les résultats du BTS tombent: je suis admise. Cool, une bonne chose de faite, peut être que le faux travail était lié à cette attente? 17h: je pense à moi, à autre chose qu'à l'accouchement : coiffeur, shopping, je savoure mon diplôme, que ça fait du bien! Minuit environ, devant "la belle verte" avec ma mère, qui va venir vivre chez moi indéfiniment pour m'aider. Je me lève et me sens mouillée, ai-je fissuré? Bonne question. Je ne suis pas sûre.

1er juillet, 17h : j’échange avec ma sage femme I.K. car la fissure se confirme dans ma tête. Mais j'ai toujours un doute. On décide ensemble que c'est arrivé environ vers 15h et on se donne donc 24h. Je marche sans répit, je fais le tour du village maintes fois, pour que ça se mette en route. J'ai des contractions, je les gère bien; parfois je suis obligée de m'arrêter le temps qu'elles passent. Je me couche en priant fort que le travail se lance car je ne veux pas aller à la maternité. J'ai toujours quelques contractions mais irrégulières et assez espacées. Je dors très peu car je cogite.

2 juillet : je retourne marcher. Ma sage femme arrive vers 15h. La fissure est bien confirmée et grosse surprise, je suis déjà à 5 cm !  Je n'en reviens pas et je lui demande les larmes aux yeux : "le travail est lancé? On ne va pas à la mat ?!" Elle me dit que ce sera pour aujourd'hui, avant minuit! Monitoring: contractions chaotiques, très irrégulières, des petites, des grosses, beaucoup que je ne sens même pas. Elle installe ses affaires et s'en va faire une consultation de terme pas très loin. Je l'attends sagement en marchant et en faisant du ballon.

19h, la revoilà. Je suis à 7cm! Super, ça avance, mais lentement. Elle reçoit un coup de fil. Une dame contracte toutes les 2 minutes depuis 2h et est à 1h de route d'ici. Oups, la nuit va être longue pour elle. Je sens que les questions défilent dans sa tête. Je lui fais donc couler un bon café, on papote dans le salon toutes les 3. Je gère très bien les contractions et sens que ça s'intensifie un peu. La piscine se rempli tranquillement au milieu de la chambre du futur bébé. Elle me prend dans ses bras tout en caressant mon ventre, elle me dit des mots rassurant, elle est très douce.

Je me mets à 4 pattes sur le lit, que ça fait du bien au dos !!! Ma maman vient me caresser et masser le dos avec ses mains toutes chaudes, c'est très agréable et fait un bien fou.

20h : 8 cm, on décide de percer la seconde poche pour accélérer le travail car c'est toujours un peu irrégulier. En effet ça s'intensifie d'un coup. Les contractions sont encore plus puissantes. Waouw ! Quelle puissance, quelles sensations, j'adore vraiment ! Je m'installe dans la piscine, l'eau est très chaude, ça fait tellement de bien ! Ma sage femme me dit toujours des belles paroles et est auprès de moi dans sa douceur et bienveillance. Comme je l'aime cette femme ! Là, j'entre totalement dans ma bulle, plus rien n'existe autour de moi. Je ne les entends même plus lorsqu'elles parlent. J'ai chaud, trop chaud. J'accueille avec joie chaque contraction. J'ai soif. Maman m'apporte de l'eau et I.K. me donne de la vitamine, je sens que je n'ai pas de force. Tout va bien, je ne vois plus rien, je n'entends toujours rien. J'aimerais que cet instant dure une éternité. Je suis tellement bien, détendue et j'aime tellement ces sensations. Puis elles ferment la fenêtre et je veux qu'elles rouvrent, j'ai chaud. Elles me disent que non il est temps de fermer, que le bébé arrive et qu'il ne faut pas de courant d'air. Je leur réponds qu'elles peuvent ouvrir, que ce n'est pas encore le moment. Elles refusent. J'étais tellement stone que je ne captais même pas lorsqu'elle m'examinait. Pour moi je suis toujours à 8 et je suis bien comme ça, dans cette bulle et avec les contractions qui me serrent le bas du ventre, le dos et les hanches. Mais non je suis à dilatation complète, mais je ne le sais pas. Je ne veux pas? Elle me demande si je sens pousser. Non. Elle me dit qu'il est temps de laisser venir mon bébé.

Elle essaye de me guider en suivant les contractions et me dit qu'il faut que je trouve mes appuis et que je pousse. Je ne peux plus être à genoux. Ces derniers jours j'ai peu dormi et peu mangé, je manque cruellement de force et j'ai même du mal à changer de position. Je n'arrive pas à pousser, je suis bien comme ça et j'ai envie de dormir, je ne comprends pas pourquoi elles me répètent que c'est le moment. Comment elles peuvent savoir elles d'abord ?! D'un coup, je bondis hors de l'eau et file sur le lit. J'ai compris que je n'arriverais pas à donner la vie dans l'eau. J'ai trop chaud et je suis tellement à bout de force. J'essaye de me mettre à 4 pattes mais c'est trop dur, je croule sous la fatigue et je préfère m'allonger sur le dos. Je sais que ce n'est pas la meilleure position mais je ne peux faire autrement.

Je sens une inquiétude flotter. I.K. me demande mon bras pour vérifier mon pouls et je les entends vaguement. J'ai vu leur échange de regard plein d'inquiétude. Je comprends. Depuis 20 minutes c'est mon cœur au monitoring, et plus le bébé. Elle me dit qu'il ne faut plus perdre de temps et que c'est maintenant. Pour moi ce n'est toujours pas le moment, je suis bloquée à 8 dans ma tête. Je sens de la panique autour de moi, elle a ses doigts en moi et me dit qu'elle va m'aider, que le bébé à besoin de nous. Je comprends que son cœur ralentis et elle me dit qu'il est dans une position inconfortable et qu'il faut absolument que je lui donne de l'oxygène. Son débit de paroles s'accélère. Je sens ma mère inquiète. Elles me disent voir les cheveux, qu'il arrive mais que je vais devoir suivre à la lettre ce qu'elle me dit, que c'est très important. Je sens une contraction et enfin l'envie de pousser, mais elle me dit de ne surtout pas pousser et de respirer très fort pour d'abord lui redonner de l'oxygène. Je sens qu'elle écarte en même temps pour aider. Je ne sais pas trop ce qu'elle fait mais je lui fais confiance. La contraction se termine et elle me dit de pousser! Horreur !!! Plusieurs fois comme ça. Je n'arrive pas à pousser et ça vire au cauchemar dans ma tête, je me sens incapable, affreuse de laisser mon bébé coincé dans le bassin sans savoir quoi faire. Je m'imagine les pompiers arriver, une césarienne en urgence sur mon lit, puis je me dis que NON c'est hors de question, je n'ai pas fait tout ce chemin pour en arriver là, je me ressaisie et me dis que c'est maintenant, qu'il faut que ce bébé sorte immédiatement, que je ne peux pas le laisser coincé comme ça plus longtemps. Les bras en appui sur le mur derrière, les pieds sur les mains de ma maman devant, I.K. entre nous deux, je pousse tellement fort que je sens le lit se déplacer. Dans ma tête je me dis : "aller mon amour, il faut que tu sortes. Tu vas être bien avec nous. Je t'en prie, il faut que tu viennes. Je t'attends et j'ai hâte de te rencontrer".

I.K. et maman m'encouragent beaucoup, elles crient fort ! La panique et l'inquiétude flottent toujours dans l'air. Je sens vaguement quelque chose, et je vois un soulagement, surtout sur le visage de maman. Je leur demande si ça y est il est là ? Oui, la tête est sortie, je suis tellement contente. I.K. me dit qu'il faut exactement la même chose, de suite il ne faut pas traîner, on n'attend pas la contraction. Je pousse et le voilà sorti. Nathan est là, tout bleu, elle le tapote, puis il pousse son premier cri. Je suis tellement heureuse. Ouf! Nous y sommes arrivés. Elle me le pose tout en bas du ventre et me dit qu'il faut attendre la délivrance car le cordon est très court. La délivrance suit immédiatement, le placenta sort tout seul, je n'ai pas besoin de pousser. Il est tout petit, I.K. est surprise et on décide de le peser. 298 grammes. Nous sommes le 2 juillet 2016, il est 22h20 et Nathan est né. Il fait 46 cm pour 3kg075

Camille – 02/07/2016

Naissance de Talya

Le 17/01/2017

Nous sommes le 24 décembre, je suis à 40 sa + 3 jours, c’est le réveillon de Noël. Je ne le fête pas mais pourtant, ce jour là, j'espère que la magie de Noël fera son effet. Il est 22h, je suis devant la soirée Disney à la TV et je ressens quelques petites contractions. Rien d'exceptionnel, mais, je ne sais pas, elles sont différentes des autres jours. J’ai des douleurs de règles et une sensation étrange dans les reins.

Bref, vers 23h30 je m’occupe, je fais ma vaisselle, je prends une douche, elles sont super irrégulières et pas douloureuses, du coup je n’y prête aucune attention. Je m'allonge sur le canapé vers 1h du matin pour m’endormir, mais allongée elles sont plus douloureuses mais toujours pas régulières. Un coup j’en ai une aux 5 minutes, un coup aux 20minutes, un coup aux 8 minutes, puis aux 10 minutes, la durée est de 20 secondes, 10 secondes, parfois 1 minute… ça m’agace. Je me dis que j’ai mal pour rien et en plus, je n’arrive même pas à dormir car à chaque fois une contraction me réveille.

À 2h15 j’envoie un SMS à ma sage femme pour la prévenir que j'ai des contractions toutes les 10 minutes environ depuis 1heure. Elle me répond “ok on voit comment ça évolue”. Je passe la nuit comme ça avec des contractions qui varient entre 5 et 15 minutes et qui m’empêchent de dormir. A 9h30 je lui envoie un SMS pour lui dire que mes contractions sont toujours aux 10 minutes environ, douloureuses mais toujours gérables. Je perds un peu de sang, je me dis que ça travaille. Quand je me met debout je ne les sent quasiment plus et elles s’espacent aux 15 minutes. Je désespère. Fichu faux travail. Je suis épuisée de ma nuit blanche! À midi je lui envoie un SMS pour lui dire que j’en ai parfois aux 5 minutes, parfois aux 8 minutes, mais qu’elles durent une trentaine de secondes donc que ça me désespère. Elle me répond qu’elle va venir faire le point pour me rassurer.

12h30 elle est là, je m’allonge sur le lit. Elle écoute bébé, tout va bien. Elle m’ausculte et là le choc : je suis à 5 cm ! J’en reviens pas, déjà la moitié de fait! Elle me dit que ça peut encore mettre longtemps, elle me propose de sortir faire un tour cette après-midi en espérant que la balade fasse percer la poche pour accélérer le travail. Elle repart et moi je déjeune puis je prends une douche, c'est la douche de ma vie, je me sens hyper bien dans l’eau, ça me soulage et me fait un bien fou, je ressors et là les douleurs sont de plus en plus fortes. Je gère beaucoup moins facilement. Elle m’envoie un SMS, me demande des nouvelles, comment je me sens et si je ressens le besoin qu'elle reste avec moi. Je lui réponds que je me sens confiante, que les contractions piquent bien ^^ et que si ça ne la dérange pas, j’aimerais qu'elle reste avec moi. Elle me répond que ça ne la dérange pas et qu'elle arrive.

A 16h elle est là, je me pose sur le ballon, je fais des mouvements de bassin. Elle est d’un soutien incroyable: elle me masse le dos à chaque contractions et accompagne mon souffle pour m’aider. Elle décide de regarder mon col et là je suis à 9 cm, je suis ravie, je vais enfin avoir mon bébé Noël ! Je décide de prendre de la tisane de framboisier et des dattes. C'est très intense, quand une contraction part je revis. J’ai l'impression que ça se terminera jamais. Pour m'aider, elle me propose de me mettre à 4 pattes en m'appuyant sur le canapé mais elle me prévient que ça va devenir beaucoup plus intense mais que ça va être très rapide. Je m'exécute. Elle place les alèses, prépare son matériel, et là une énoooorme contraction me coupe le souffle, j’ai une horrible sensation. J’ai l'impression que ça va exploser et que mon bébé va être éjecté de mon corps lol La sage femme touche et c’est la poche des eaux qui est bombé à fond elle me dit qu'à la prochaine contraction, elle perce. Je remercie dieu car j’ai vraiment détesté cette sensation. La prochaine arrive. Elle perce, j’entends un gros plaaaaaaafff! "ouaaaw", une vrai piscine là dedans, mais quel soulagement ! Là une contraction reprend de plus belle et je sens une irrésistible envie de pousser. Je fais des sons que jamais je n’aurais imaginé. Une force incroyable m’envahit, je pouuuusse fort. Je la sens bien descendre petit à petit.  Je n’ai plus de répit entre 2 contractions mais je m’endors entre elles. Une autre contraction arrive et je pousse de toutes mes forces. Je sens sa tête prête à sortir. Je panique. J’ai très très mal au niveau du périnée. J’ai l’impression qu’elle va tout déchirer,  mais pas le choix, je dois vite la sortir de là. La sage femme me pose un gant de toilette chaud pour me soulager et là je donne tout ce que j'ai. Je pousse en hurlant et sa tête sort. Une dernière contraction et tout son corps est sorti. Je l’attrape. Elle est chaude, humide, elle sent bon. Je la serre contre moi, et voilà qu'un sentiment d’amour immense m'envahit. Je me sens bien, elle est là. Talya est enfin dans mes bras.

Yasmina - 25/12/2016

 

Naissance de Gwenaelle

Le 17/01/2017

Grossesse compliquée dès la fin du premier trimestre avec des abcès (placés très profonds, rien de visible en surface si ce n’est l’inflammation quand l’abcès a déjà atteins la taille d’un abricot) sur un sein (toujours le même) causé par des mamelons ombiliqués. J’ai donc du être opérée plusieurs fois pendant ma grossesse. Beaucoup de peur et d’appréhensions à cause de l'effet des anesthésies sur mon bébé, mais chaque intervention s’est bien déroulée et ma fille se portait à merveille et continuait à bien se développer. Difficile physiquement pour moi puisque tous les jours en soins avec méchage, et moralement car quand un abcès revenait j'étais traitée comme une pestiférée à l’hôpital (pas le droit d être en maternité). Pas le droit de quitter ma chambre etc.

Mis à part ça une grossesse très... comment dire .... épanouissante, bien être absolu,  sentir mon bébé bouger en moi pour la première fois a été très bouleversant pour moi. Bouleversant dans le sens heureux. Je portais la vie. Les hoquets, les changements de positions, les petits pieds que je devinais sous mes doigts et qui partaient dès que j’appuyais doucement sur mon bidou. Bizarrement le changement du corps avec les kilos (24kgs pris) je l’ai accepté sans rechigner.

Le jour du terme aucun signal d’accouchement, je me trainais, je me mouvais comme je pouvais. Je me suis rendue comme conseillé à la maternité pour un examen de contrôle et là, confirmation que la naissance n’était pas pour maintenant, par contre je devais encore aller au bloc pour évacuer un abcès. L’anesthésie, selon les sages femmes (qui étaient sur le qui vive) aurait dû déclencher le travail, mais rien ! Il faut quand même que je précise que selon la gynécologue le terme prévu était le 22, je savais que cela n'était pas exact. Je savais très bien ce que j’avais fait et quand je l’avais fait! Je suis donc restée 6 jours à attendre, j’ai été hospitalisée. Et puis le verdict tombe: déclenchement après demain. Le jour de la grève des sages femmes! Évidement il fallait que ça tombe sur moi! La veille j’avais mal dormi. Mal au ventre, mais le monitoring ne marquait pas de contractions… donc.

Donc, le jour j, réveillée à 6h30, les sages femmes s’étaient revêtues de leurs plus beaux costumes de grévistes! Le déclenchement était prévu par pose de gel sur le col de l’utérus. Après une ou deux heures le monitoring ne montrait pas de contractions ou très légères, mais moi je les sentais ! Quelle douleur ! Mais je ne savais pas encore que là c’était rien à côté de celles qui m’attendaient plus tard ! Le col était ouvert. Il s’est avéré que le monitoring sur lequel j’étais branchée depuis la veille était dysfonctionnant. Le travail avait commencé tout seul dans la nuit et le déclenchement dessus a accéléré le travail à vitesse grand V. J ai essayé de ne pas céder à la panique, de me concentrer sur ma respiration, de me dire que c'était le plus beau jour de ma vie, que ma fille et moi allions enfin faire connaissance, mais la douleur des contractions devenait insupportable. Le col n’était pas suffisamment dilaté pour placer la péridurale. Une matinée très riche. Pas tant en émotion mais en douleur. Et en peur. Les sages femmes et infirmières passaient dans la chambre mais n’empêche que j’étais seule à gérer tout ça. Pour elles, s'est la routine mais pour moi… Quelle angoisse! Ma fille était très basse et appuyait très fort sur le col. Et puis, arriva le moment de ce lavement. Quelle horreur, si j’avais su que je pouvais le refuser, je l’aurai fait! Je suis restée plus d’une heure sur les toilettes! La sage femme me demandait de sortir, j’en étais incapable ! Il a fallu qu’elle hausse la voix pour je m’exécute. Et heureusement car à l'examen ma fille était là ! Je suis rentrée au bloc d’accouchement à 13h30. La péri a était posée mais n'a pas joué son rôle. Logique puisque déclenchée sur un travail qui avait commencé tout seul et posée assez tardivement. La pose de la péri est aussi une épreuve : devoir s'assoir, courber le dos, attendre une contraction pour pouvoir piquer, avec des recommandations non moins effrayantes « ne bougez surtout pas que je puisse faire passer l’aiguille au bon endroit et pas à côté! »

Le reste du travail et de l’accouchement pour moi furent chaotiques. Des douleurs très fortes, dans les reins, le bas ventre, les jambes qui tremblent et que je ne pouvais pas arrêter. J ai été accouchée à quatre mains : l’élève sage femme secondée par la sage femme. Donc les "touchers", les examens, les sondes posées sur la tête de ma fille pour vérifier son cœur, que l'élève faisait, tout était vérifié par la sage femme. La poche des eaux a rompue toute seule à 14h30, soit une heure après mon installation au bloc. Quel grand sursaut dans mon ventre! Mais cela n a pas provoqué de douleur. Et puis ce bruit d’eau, de liquide qui tombe par terre, comme un grand seau d’eau qu'on mettrait d’un coup d’un seul à l’envers. « Splatchhhh » ! On me demandait de ne pas pousser, que ce n était pas le moment, que le col n’était pas effacé. La gynéco passe par là avant de retourner à ses consultations et lâche: « bon tout va bien! Mme, calmez vous. Vous l’avez faite, maintenant faut la sortir ! » Ravissant.

J’ai poussé quand même. J’en ressentais trop le besoin et bizarrement cela me soulageait. Pendant presque une heure après la poche rompue. Et puis l’élève me réexamine et me demande de me mettre en position, de descendre les fesses au bord de la table, d'attraper mes cuisses et de pousser fort. Ce que je fis. Quel soulagement. La douleur n'est plus la même, même si elle est toujours présente. J’ai perdu connaissance sur ce coup, mais l’envie d'en finir m’a motivé et la phrase que prononça la sage femme me donna un coup de booste incroyable : « On voit les cheveux de votre petite fille ». Je me souviendrai toujours de ce que j’ai répliqué : « Maintenant vous allez la voir entière ! » J ai demandé la psyché pour voir la "sortie " de ma fille. Croyez moi ou non mais sur la contraction suivante j’ai poussé de toutes mes forces et longtemps, et elle était là, sa petite frimousse fripée. En deux poussées! Et là, ne plus pousser pour pouvoir la dégager sans lui faire du mal. Une sage femme à genou sur moi. Quel supplice ! Et puis à nouveau un autre grand sursaut, un chamboulement, dans mon ventre, l’impression que tout sort, comme aspirée de l'extérieur, quelque chose que je sens passer, qui sors de moi, qui me vide et me soulage. La fin des sensations de bien être de la grossesse, de fusion avec mon bébé, le début d’autre chose. Quand on me pose ma fille sur moi, en peau à peau, on se découvre, quel instant magique et merveilleux. C'est cet instant qui me fait prendre conscience que je ne suis pas seule, que ma vie vient de changer. Elle est moi. J’ai coupé le cordon. Il est 15h30. Elle est née 6 jours après terme, soit le 28 au lieu du 22.

Pour la suite, une fois ma fille embarquée pour l’examiner et la laver, (oui en 2000 les nourrissons étaient encore douchés à la naissance), la délivrance. Aucuns soucis. J’ai vu le placenta, belle pièce de "viande" (non mais sans rire), c'est joli, tout passe par là ! Le corps humain est incroyable. Et je n’ai pas échappé à l’épisiotomie que je n’avais même pas sentie et qui n'a pas été annoncée au moment d’ailleurs. Je l’ai su juste au moment où elle m'a dit qu’elle allait commencer à recoudre. Suites de couche très ordinaire, à part mes problèmes d’abcès. Evidement, je n’ai pas pu allaiter à mon grand regret. Je me souviens pendant le travail avoir demandé la césarienne, de m’être juré de ne plus jamais avoir d’enfant car la douleur était insupportable. Mais tout s’est envolé quand elle est née. Le bonheur ressenti fait oublier toute la souffrance en salle d’accouchement. Je précise que j’ai deux enfants! Et que la deuxième est née par césarienne. Mais la suite… au prochain épisode !

Karine

Le portage de bébé

Le 13/01/2017

Porter bébé dès sa naissance, plusieurs mois et même davantage, c'est possible!

- Pour bébé, c'est prolonger le confort et la sécurité de ses 9 mois in utéro.

- Pour maman, c'est retrouver les sensations de sa grossesse pour une transition tout en douceur.

- Pour les autres membres de la famille, c'est l'occasion de créer du lien avec ce nouveau venu.

 

Et si le portage offrait davantage qu'un simple câlin?

 

Portage physiologique

Cette posture consiste à garder l’enroulement du bas du dos qui permet au bébé de se rassembler, regrouper ses membres en flexion et de se construire une sécurité de base.

La bonne position du nouveau-né est dans la continuité logique de sa vie in utero. Au cours des 18 premiers mois, le tonus et la musculature du bébé lui permettront de se redresser progressivement.

Le maintien du Bébé dans une position physiologique adéquate le sécurise et l'aide à se sentir compétent et actif dans le maintien de son corps, en s'agrippant au porteur. La contenance et le bercement du bébé porté favorisent le relâchement des muscles, le sommeil. La position verticale facilite la digestion, diminuant reflux et coliques.

Le Bébé a un besoin fondamental de se sentir contenu et enveloppé. Cette sécurité émotionnelle et physique va permettre à l'enfant bien porté de s'apaiser et sentir les limites de son corps, sans lutter contre la pesanteur pour se contenir (bras en croix, jambes tendues, tête en arrière...).

A l'inverse, certains modes de portage ne sont pas physiologiques et peuvent nuire au porteur et au porté! 

 

 

Quelques règles à respecter dans le portage :

v La position : genoux plus hauts que les fesses grâce à un bassin basculé, un dos bien arrondi, tête-bassin-colonne sont alignés, les mains sont à portée de visage.

A hauteur de bisous : il faut pouvoir embrasser bébé facilement.

Yeux : le visage de bébé doit être visible à chaque instant.

Soutenu : le porte-bébé doit être ajusté autour du bébé de telle manière que bébé ne doit pas gigoter, ou ne s’affaisse pas.

Intact : le porte-bébé doit être en parfait état. S’il est constitué de coutures, celles-ci doivent être renforcées. Il est primordial de s’assurer de la qualité du porte-bébé avant chaque utilisation.

Oxygène : les voies respiratoires doivent être dégagées. On doit pouvoir glisser deux doigts entre le menton et le buste du bébé.