Coralie Escrich - Doula Accompagnement autour de la naissance et de la féminité

Naissance de Gwenaelle

Le 17/01/2017 0

Dans Récits de naissances

Grossesse compliquée dès la fin du premier trimestre avec des abcès (placés très profonds, rien de visible en surface si ce n’est l’inflammation quand l’abcès a déjà atteins la taille d’un abricot) sur un sein (toujours le même) causé par des mamelons ombiliqués. J’ai donc du être opérée plusieurs fois pendant ma grossesse. Beaucoup de peur et d’appréhensions à cause de l'effet des anesthésies sur mon bébé, mais chaque intervention s’est bien déroulée et ma fille se portait à merveille et continuait à bien se développer. Difficile physiquement pour moi puisque tous les jours en soins avec méchage, et moralement car quand un abcès revenait j'étais traitée comme une pestiférée à l’hôpital (pas le droit d être en maternité). Pas le droit de quitter ma chambre etc.

Mis à part ça une grossesse très... comment dire .... épanouissante, bien être absolu,  sentir mon bébé bouger en moi pour la première fois a été très bouleversant pour moi. Bouleversant dans le sens heureux. Je portais la vie. Les hoquets, les changements de positions, les petits pieds que je devinais sous mes doigts et qui partaient dès que j’appuyais doucement sur mon bidou. Bizarrement le changement du corps avec les kilos (24kgs pris) je l’ai accepté sans rechigner.

Le jour du terme aucun signal d’accouchement, je me trainais, je me mouvais comme je pouvais. Je me suis rendue comme conseillé à la maternité pour un examen de contrôle et là, confirmation que la naissance n’était pas pour maintenant, par contre je devais encore aller au bloc pour évacuer un abcès. L’anesthésie, selon les sages femmes (qui étaient sur le qui vive) aurait dû déclencher le travail, mais rien ! Il faut quand même que je précise que selon la gynécologue le terme prévu était le 22, je savais que cela n'était pas exact. Je savais très bien ce que j’avais fait et quand je l’avais fait! Je suis donc restée 6 jours à attendre, j’ai été hospitalisée. Et puis le verdict tombe: déclenchement après demain. Le jour de la grève des sages femmes! Évidement il fallait que ça tombe sur moi! La veille j’avais mal dormi. Mal au ventre, mais le monitoring ne marquait pas de contractions… donc.

Donc, le jour j, réveillée à 6h30, les sages femmes s’étaient revêtues de leurs plus beaux costumes de grévistes! Le déclenchement était prévu par pose de gel sur le col de l’utérus. Après une ou deux heures le monitoring ne montrait pas de contractions ou très légères, mais moi je les sentais ! Quelle douleur ! Mais je ne savais pas encore que là c’était rien à côté de celles qui m’attendaient plus tard ! Le col était ouvert. Il s’est avéré que le monitoring sur lequel j’étais branchée depuis la veille était dysfonctionnant. Le travail avait commencé tout seul dans la nuit et le déclenchement dessus a accéléré le travail à vitesse grand V. J ai essayé de ne pas céder à la panique, de me concentrer sur ma respiration, de me dire que c'était le plus beau jour de ma vie, que ma fille et moi allions enfin faire connaissance, mais la douleur des contractions devenait insupportable. Le col n’était pas suffisamment dilaté pour placer la péridurale. Une matinée très riche. Pas tant en émotion mais en douleur. Et en peur. Les sages femmes et infirmières passaient dans la chambre mais n’empêche que j’étais seule à gérer tout ça. Pour elles, s'est la routine mais pour moi… Quelle angoisse! Ma fille était très basse et appuyait très fort sur le col. Et puis, arriva le moment de ce lavement. Quelle horreur, si j’avais su que je pouvais le refuser, je l’aurai fait! Je suis restée plus d’une heure sur les toilettes! La sage femme me demandait de sortir, j’en étais incapable ! Il a fallu qu’elle hausse la voix pour je m’exécute. Et heureusement car à l'examen ma fille était là ! Je suis rentrée au bloc d’accouchement à 13h30. La péri a était posée mais n'a pas joué son rôle. Logique puisque déclenchée sur un travail qui avait commencé tout seul et posée assez tardivement. La pose de la péri est aussi une épreuve : devoir s'assoir, courber le dos, attendre une contraction pour pouvoir piquer, avec des recommandations non moins effrayantes « ne bougez surtout pas que je puisse faire passer l’aiguille au bon endroit et pas à côté! »

Le reste du travail et de l’accouchement pour moi furent chaotiques. Des douleurs très fortes, dans les reins, le bas ventre, les jambes qui tremblent et que je ne pouvais pas arrêter. J ai été accouchée à quatre mains : l’élève sage femme secondée par la sage femme. Donc les "touchers", les examens, les sondes posées sur la tête de ma fille pour vérifier son cœur, que l'élève faisait, tout était vérifié par la sage femme. La poche des eaux a rompue toute seule à 14h30, soit une heure après mon installation au bloc. Quel grand sursaut dans mon ventre! Mais cela n a pas provoqué de douleur. Et puis ce bruit d’eau, de liquide qui tombe par terre, comme un grand seau d’eau qu'on mettrait d’un coup d’un seul à l’envers. « Splatchhhh » ! On me demandait de ne pas pousser, que ce n était pas le moment, que le col n’était pas effacé. La gynéco passe par là avant de retourner à ses consultations et lâche: « bon tout va bien! Mme, calmez vous. Vous l’avez faite, maintenant faut la sortir ! » Ravissant.

J’ai poussé quand même. J’en ressentais trop le besoin et bizarrement cela me soulageait. Pendant presque une heure après la poche rompue. Et puis l’élève me réexamine et me demande de me mettre en position, de descendre les fesses au bord de la table, d'attraper mes cuisses et de pousser fort. Ce que je fis. Quel soulagement. La douleur n'est plus la même, même si elle est toujours présente. J’ai perdu connaissance sur ce coup, mais l’envie d'en finir m’a motivé et la phrase que prononça la sage femme me donna un coup de booste incroyable : « On voit les cheveux de votre petite fille ». Je me souviendrai toujours de ce que j’ai répliqué : « Maintenant vous allez la voir entière ! » J ai demandé la psyché pour voir la "sortie " de ma fille. Croyez moi ou non mais sur la contraction suivante j’ai poussé de toutes mes forces et longtemps, et elle était là, sa petite frimousse fripée. En deux poussées! Et là, ne plus pousser pour pouvoir la dégager sans lui faire du mal. Une sage femme à genou sur moi. Quel supplice ! Et puis à nouveau un autre grand sursaut, un chamboulement, dans mon ventre, l’impression que tout sort, comme aspirée de l'extérieur, quelque chose que je sens passer, qui sors de moi, qui me vide et me soulage. La fin des sensations de bien être de la grossesse, de fusion avec mon bébé, le début d’autre chose. Quand on me pose ma fille sur moi, en peau à peau, on se découvre, quel instant magique et merveilleux. C'est cet instant qui me fait prendre conscience que je ne suis pas seule, que ma vie vient de changer. Elle est moi. J’ai coupé le cordon. Il est 15h30. Elle est née 6 jours après terme, soit le 28 au lieu du 22.

Pour la suite, une fois ma fille embarquée pour l’examiner et la laver, (oui en 2000 les nourrissons étaient encore douchés à la naissance), la délivrance. Aucuns soucis. J’ai vu le placenta, belle pièce de "viande" (non mais sans rire), c'est joli, tout passe par là ! Le corps humain est incroyable. Et je n’ai pas échappé à l’épisiotomie que je n’avais même pas sentie et qui n'a pas été annoncée au moment d’ailleurs. Je l’ai su juste au moment où elle m'a dit qu’elle allait commencer à recoudre. Suites de couche très ordinaire, à part mes problèmes d’abcès. Evidement, je n’ai pas pu allaiter à mon grand regret. Je me souviens pendant le travail avoir demandé la césarienne, de m’être juré de ne plus jamais avoir d’enfant car la douleur était insupportable. Mais tout s’est envolé quand elle est née. Le bonheur ressenti fait oublier toute la souffrance en salle d’accouchement. Je précise que j’ai deux enfants! Et que la deuxième est née par césarienne. Mais la suite… au prochain épisode !

Karine

 

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